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Les nouveaux bacheliers STL

COMPILATION DES ÉCHANGES AYANT EU LIEU SUR LA LISTE DE DIFFUSION 

du 11 au 14 décembre 2014 sur le thème « Généralité ou..épiphénomène ? »

 

 

Les nouveaux bacheliers STL et leur adaptation en post-bac

 

La 2e promotion d'élèves bacheliers issus de la réforme du baccalauréat est accueillie en première année des formations post bac (BTS, DUT)… Quel constat peut-être fait ? les élèves sont-ils différents de leurs prédécesseurs qui avaient reçu une formation différente avec des méthodes d’enseignement qui ont été profondément modifiées à l’occasion de la réforme. Les échanges ont eu lieu en même temps que la « Conférence sur l’Évaluation » (11 et 12 décembre 2014) à laquelle il est fait référence plusieurs fois.

 

11 décembre

Chers collègues,

Comme vous tous nous accueillons cette année dans les formations post bac la 2e promotion d'élèves bachelier de réforme des bacs. 

Soit je m'y prends mal (fort possible) mais j'ai l'impression que ces élèves éprouvent de réelles difficultés à apprendre et à retenir leur cours. Aussi je me pose des questions sur ma pratique, compte tenu des définitions d'épreuves des examens BTS et IUT il va être difficile de calquer nos enseignements sur ceux mis en place en 1ere et terminales où la politique du "ne rien apprendre mais tout déduire des documents" ne s'applique pas.

Donc pour le moment je tente un passage "aux forceps" mais je crains que cela ne soit à la fois difficile à vivre pour ces étudiants peu endurants au mal mais à terme pour nous de part un relationnel obligatoirement plus crispé.

Avez vous constaté le même phénomène et si oui avez vous mis en place des stratégies qui pourraient être partagées?

Merci pour vos réflexions

Claire

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5 décembre

Bonjour,

Ici à l'IUT on constate la même chose avec les STL 'nouveau programme', et on perçoit bien la différence en manipulation, notamment en microbiologie (hier une STL m'a fait un état frais sans mettre de lamelle...). Il semble donc qu'ils aient toujours les mêmes difficultés théoriques (passer de ufc dans 50L d'air à ufc dans un m3 est pour beaucoup un calcul ardu...je viens de le constater il y a à peine une heure) tout en ayant perdu une grande part de l'avantage qu'ils avaient en manipulation.

Quant à tout déduire des documents, voire à seulement utiliser un protocole, on en est loin... (mais c'est aussi un problème pour beaucoup de S). 

Autre constatation (tant qu'on y est) : ils sont nuls en calcul mental (S comme STL) et sont donc incapables de faire une vérification de calcul à l'aide d'un ordre de grandeur, ou de faire des conversions (milli vers micro etc... un collègue à eu 5 de moyenne à un test ne comportant que des calculs de conversion...).

On n'a pas encore arrêté de stratégie, mais on y réfléchit.

Pascal

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11 décembre

La stratégie, ce n'est pas en post-bac qu'il convient de la mettre en place, mais bien en amont. Et on est loin d'en prendre la bonne direction.

hier encore j'aidais ma belle fille, qui est en 6ème, à faire ses exercices de mathématiques : quand on voit la façon dont son posés les questions, c'est à se taper le cul par terre. 

Et ceci au détriment des fondamentaux... 

Par ailleurs, avec l'abandon de l'écriture cursive qui se profile (déjà mise en place dans la plupart des états américains et pas bien loin de chez nous), c'est toute une partie de l'encéphale qui ne sera plus sollicitée. Ceci dit, cela fer vendre plus d'appareil à IRM pour comprendre d'où viennent les déficiences que l'on observera d'ici 20 ou 30 ans...

Sébastien

Pas loin de Yuts :)

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11 décembre

Oh oui Claire, accouchement difficile pour nous aussi!

Pas de stratégie gagnante pour l'instant

Mais on ne désespère pas...

Marie et Michèle

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11 décembre

Bonjour à tous,

J'enseigne en BTS ABM depuis 12 ans maintenant (biochimie cours et TP, et immunologie depuis peu), et je n'ai pas ressenti aussi fortement le changement de bac STL.

Concernant les acquis techniques et technologiques :

Nous avons toujours eu, à *** des promotions mixtes (STL/ST2S/S). 

Avec la disparition des heures de remise à niveau à destination des S et ST2S, nous avons depuis longtemps revu notre progression de TP de biochimie des 3 premiers mois. 

nous sommes partis des pré-requis de ST2S (c'est à dire, pré-requis techniques très réduits)

nous avons mis en place une progression très progressive ( ;-) ) 

nous binomions STL/(ST2S ou S) afin de faciliter les transferts d'expérience entre étudiants.

Avec l'arrivée des promotions du bac STL "rénové", cette progression a été bien accueillie. Si elle fonctionnait sur les ST2S, elle fonctionne aussi avec des anciens élèves de STL.

Concernant la capacité des élèves à apprendre leur cours :

A Saint-Denis, nous avons souvent des élèves qui travaillent peu à la maison (pour diverses raisons) et qui fournissent naturellement une quantité de travail personnel trop faible pour les exigences d'un diplôme supérieur comme le BTS.

Personnellement, j'utilise donc des méthodes "scolaires" pour améliorer leur investissement dans l'apprentissage de leur cours (mais j'ai des collègues qui utilisent des méthodes moins scolaires avec beaucoup de succès). 

Par exemple, j'ai remis en place des évaluations écrites de 5 min au début de chaque cours. 

Avantages :

il apprennent leur cours régulièrement,

le cours est plus facile car ils maîtrisent les cours précédents

ils ont facilement des bonnes notes : ça les motive (dynamique de succès très positive)

une notion non comprise globalement est rapidement identifiée

Inconvénient : ça ne stimule par leur autonomie 

Avec l'arrivée des "nouveaux STL": je n'ai pas remarqué de différence notoire. Ces méthodes "scolaires" sont peut-être assez efficaces.

Ce n'est qu'un partage d'expérience, lié à un terrain très particulier.

Bonne journée à tous

Ophélie

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11 décembre

Même stratégie qu'Ophélie (interro en entrée de chaque séance) mais en TP de bioch de première année de BTS BioAc avec des étudiants qui sortaient des terminales STL réformées.

À chaque début de TP, une interro sur les principes du TP précédent accompagné d'un petit exercice facile, sachant qu'à chaque fin de séance de TP, on faisait la correction du TP en cours ( ce qui leur laissait 1 semaine pour tout revoir et poser des questions).

J'ai appliqué ce lourd processus pendant un semestre puis j'ai abandonné car les compétences/connaissances qui semblaient acquises 1 mois avant, ne l'étaient réellement pas. De plus, cette logistique mangeait beaucoup de temps sur la séance de TP.

J'ai actuellement ces mêmes étudiants en 2nde année, et je m'attarde beaucoup plus sur leurs compétences techniques... En m'inquiétant sérieusement sur leur niveau de compréhension des notions théoriques des TP ...

David

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11 décembre

Aux *** nous avions eu deux très bonnes promos (100% de réussite) et qui s'en sortent vraiment bien en BTS et IUT. Les élèves avaient fait le choix de venir en STL , ils n'avaient pas été forcés.

Cette année, notre terminale est en très grande difficulté. 
20 élèves sur 26 n'ont pas fait le choix de la STL (STL car plus de place en S) et le constat est alarmant. Nous ne sommes même pas certains d'arriver à 50% de réussite cette année. Les résultats sont catastrophiques et la section ne les motive pas.(16 redoublements proposés sur 30 en première)

Notre classe de première en revanche a d'excellents résultats et pour eux le choix de la STL était prioritaire. Il n'y a pas de miracle, c'est bien en prébac et au niveau de l'orientation en STL qu'il faut agir.

En ce qui concerne l'étude de documents, nous ne sommes pas obligés de suivre à la lettre cette consigne. Il faut juste s'adapter aux besoins des élèves. Rien ne nous empêche de faire à la suite de ces études de docs des cours structurés I-II et III avec les élèves. Nous pouvons le construire avec eux et c'est très formateur pour eux. Je ne m'empêche absolument pas de faire des choses très structurées quand ils en ont besoin.

Bon courage à tous

Véronique 

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11 décembre

Il est certain que nous abordons une nouvelle ère de l’enseignement et que les enseignants et les élèves devront de toute façon s’adapter…

L’écriture cursive est déjà en déclin: les élèves n’écrivent plus beaucoup mais ils pianotent à une vitesse ultra rapide sur leurs claviers et tablettes.

C’est bien une révolution mais il y en a eu beaucoup d’autres dans l’histoire y compris dans le domaine de l’écriture: les hiéroglyphes ont été utilisés en Egypte pendant 3500 ans (Cléopatre est plus proche de nous historiquement que des Pyramides..) et ils ont disparu il y a 2000 ans en nous laissant seulement leur trace…D’autres modes d’écriture (plus simples et compréhensibles de tous il est vrai) ont été utilisés…L’écriture cursive manuscrite est sans doute sur le déclin à son tour. La difficulté c’est d’être dans cette période de transition et je suis prêt à parier que dans 50 ans (je ne serai pas là pour le confirmer !) tout le monde se sera adapté.

Pour redevenir plus terre à terre….le souci majeur actuellement pour les enseignants de lycée c’est que la réforme n’a pour l’instant touché que le secondaire et que les études supérieures en font d’une certaine façon les frais. Pour ce qui nous concerne il serait temps de repenser l’enseignement en BTS en fonction des nouveaux acquis des élèves de terminale qu’ils soient issus de S, STL ou ST2S… l’exhaustivité des programmes (je pense à celui de BTSABM en particulier) les rend forcément indigestes et inadaptés aux néo-bacheliers… Alors, c’est sûr on s’adapte, on simplifie, on fait moins écrire…mais tout cela un peu à l’aveuglette et au coup par coup en fonction des étudiants et pas de la même façon d’une année sur l’autre…. le but restant quand même d’accompagner les élèves jusqu’à l’examen (on peut cependant remarquer que les résultats sont les mêmes pour les premiers étudiants qui ont subi (c’est mal dit !)  la réforme sans que les sujets soient devenus plus faciles à l’examen)…

Je ne connais pas les programmes de CPGE, mais je suppose que leur réécriture récente a tenu compte de la réforme du bac et du profil des nouveaux bacheliers ?

Aujourd’hui et demain se déroulent la conférence sur l’évaluation des élèves et les conclusions de cette conférence seront utiles et sans doute de voir mieux ce que sera l’avenir des élèves, de leurs parents et de leurs professeurs…

http://www.conference-evaluation-des-eleves.education.gouv.fr/?gclid=CjwKEAiAnqWkBRCGm5uyu5r13jsSJACBZ4WyHKZAgFYjCHLwPT760nOIi321fZuZerotTYQ4YjVcIxoCfQLw_wcB

Bonne fin de semaine… Les fêtes de fin d’année approchent et ce sera l’occasion pour les « actifs »  de se ressourcer !

Amitiés

Jean-Paul

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11 décembre

Bonsoir,

    "il est certain"... que pas grand-chose n'est certain ! Je conseille vivement de visualiser la vidéo partagée sur la page Facebook de l'UPBM https://www.facebook.com/upbm.org, date du 04/12, par Sylvain André avant de dire qu’il est certain que nous abordons une nouvelle ère de l’enseignement".

    Les élèves écrivent beaucoup contrairement à ce que tu dis JPaul : ils font ça à longueur de journée dans nos cours (un ABM moyen aura 8-10 gros classeurs de papier en 2 ans). ET il pianotent à la vitesse de l'éclair sur leurs écrans tactiles. L'écriture manuscrite (plutôt que cursive) ne me semble pas en déclin, loin de là. Si les hiéroglyphes ont disparu, c'est parce que la civilisation qui les utilisait a disparu - l'écriture n'y est pas pour bcp... Les caractères chinois doivent avoir dans les 3000-4000 ans et gagnent plutôt du terrain... bref... je ne partage pas grand chose de ton avis ici.

   Pour élargir... Les travaux sur le cerveau lors de la lecture, du calcul, de l'écriture, et du langage (lisez Dehaene !!) montrent que la circuiterie du cerveau et ces activités sont étroitement connectées à la manière de les apprendre et de les pratiquer. Renoncer à l'écriture manuscrite (cursive, ou autre - les japonais apprennent les caractères romains sans passer par l'écriture cursive (qui implique les ligatures), mais par des minuscules détachées) ne sera pas sans conséquence sur la structuration de la pensée et de la communication, et surtout des apprentissages ; les pays qui s'y engagent prennent de sérieux risques car les études de neuro n'y encouragent pas vraiment... Encore une fois, lisez Dehaene !!

    Quant à l'apprentissage, justement : c'est bien beau de renoncer à exiger du par cœur, mais le chemin scolaire s'arrête un jour...

- Les BTS ont une finalité professionnelle, et jusqu'à preuve du contraire c'est le milieu professionnel qui passe commande des exigences. "Adapter" le BTS conduira les professionnels dans 10-15 ans à ne plus s'en contenter.

- Les CPGE ont une finalité concours d'école, et jusqu'à preuve du contraire ce sont les écoles qui fixent les règles du concours. Elles ne recruteront pas d'avantage de TB si elles n'obtiennent pas ce qu'elles en espèrent.

... par conséquent, nos STL se retrouvent bien desservis lorsque cette fin de parcours avec ses exigences externes s'approche. Les "bon S" qui continuent d'apprendre par coeur seront bientôt les seuls à être capables de devenir avocat, médecin, agrégé, ingénieur... et ça me désole un peu (c'est un euphémisme) quant a la signification de l'école républicaine... En éducation, la limite entre baisse des exigences (qu'on vend par "exiger autrement" pour être politiquement correct) et démagogie est souvent ténue. Je ne suis pas sûr que notre tutelle ne soit pas sur la pente glissante qui passe de l'un à l'autre.

    Pour finir, une réflexion douloureuse :

- les mesures externes  à l'EducNat de niveau (enquêtes internationales, taux d'alphabétisation, maîtrise des fondamentaux) montrent une chute de niveau,

- les mesures internes (taux de réussite de bas, % de validation de B2I/C2I, etc.) montrent un progrès constant.

Je m'interroge : mais comment cela est-il donc possible ?

Conclusion professionnelle personnelle : je ne baisse pas mes exigences !! Mais je sue davantage qu'auparavant en classe... (c'est vrai pour les STL comme pour les S qu'on a en BTS, pas de jaloux). Au final ça marche, mais ça fatigue...

Courage ! Ces "petits" n'ont jamais eu autant besoin de nous si j'ose dire !

Amitiés à tous,

Antoine

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11 décembre

Je constate le même problème en BTS BioAC et QIAB.

L’apprentissage des cours semble être une montagne insurmontable pour nos étudiants. Lorsqu’on cherche à savoir pourquoi, une réponse revient fréquemment : la densité des cours est telle que les étudiants ne savent pas ce qu’il faut retenir. En réalité, je pense qu'il s’agit d’un problème de compétence. En pré-bac, le volume des notions à connaitre a été réduit et la démarche inductive est privilégiée (et tant mieux).

En post-bac, apprendre en ciblant l’essentiel dans un cours conséquent n’est donc plus une compétence que les élèves maitrisent puisque très peu développée auparavant…

J’essaie de travailler sur ce problème en clôturant chaque chapitre par la réalisation d’une carte heuristique (carte mentale) résumant leur 10 à 20 pages de cours sur une feuille A3. La carte mentale est un bon outil de présentation qui a l’avantage de synthétiser de nombreuses informations. J’ai choisi de l’utiliser comme outil de tri puis de mémorisation du cours.

Après un chapitre, parfois je construis entièrement la carte au tableau (si j’ai peu de temps) parfois je laisse le temps aux élèves de la construire eux même au tableau. Ces séances sont très riches en échange et permettent parfois de s’apercevoir qu’une notion a été mal comprise par quelques-uns!

J’aborde également certains petits chapitres directement sous forme de carte mentale (seule trace écrite).

Je n’utilise pas de logitiel (XMind ou autre) car les étudiants préfèrent le format papier qu’ils peuvent organiser/« décorer » comme ils veulent...

L’année dernière, après quelques évaluations catastrophiques, j’ai réalisé 2 groupes de travail sur des BTS 1ère année pendant 1 semestre :

- un groupe de TD où le cours était approfondi ou appliqué sous forme d'exercices (aucun travail sur la méthodologie d’apprentissage)

- un groupe de TD sur l’élaboration de cartes heuristiques

Le second groupe obtenait de meilleurs résultats aux évaluations (+2 points sur la moyenne).

J’ai adoptée cette méthode depuis…

Avantage :

- Les étudiants auront leur fiche de révision pour l’examen de fin d’année (même ceux qui ne bossent pas). Environ 30 chapitres sur 2 ans résumés en 30 cartes.

Inconvénients :

- cela prend du temps (1H à 2H par chapitre)

- certains élèves ne sont pas encore autonomes sur la construction de leur propre carte au bout de 2 ans (de gros oublis par exemple)

- il ne s’agit pas, hélas, d’une méthode miracle…les élèves qui ont mémoriser les notions ne savent parfois pas les réinvestir pour une étude de doc par exemple…

Bonnes fêtes à tous.

Marie-Laure

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12 décembre

Bonjour, 

Je suis totalement d'accord avec toi Antoine. 

Apprendre (par coeur ou pas) ne sert évidemment à rien dans un monde où Internet peut donner une réponse quasi instantanée, mais en terme de connectiques neuronales, c'est fondamentale. 

Et ce sont ces connectiques dont on a besoin dans les démarches inductives que l'on souhaite développer chez nos jeunes apprenants. 

C'est un peu comme si on voulait que nos élèves courent tous le marathon (ou le Grand Raid ici !) mais sans entraînement ni effort. Personnellement, j'ai essayé : ca ne marche pas :-) 

Aucune baisse d'exigence donc. Par contre, cela nécessite plus de temps et donc d'énergie pour arriver au résultat escompté, avec aussi et c'est nouveau en ce qui me concerne, des étudiants qui abandonnent dès les premières semaines, le col leur semblant hors de portée. 

Mais quel plaisir de voir comme hier, un ancien STL du Lycée puis étudiant en BioAC toujours chez nous, pas particulièrement bosseur, finir major de sa L3 et qui s'engage vers des études de chercheur. Nous l'avons invité à rencontrer tous les étudiants de BTS en espérant que cela puisse créer quelque alchimie dans leurs neurones encore en cours de connection ! 

Bon Grand Raid à tous ! 

Marc 

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12 décembre

Pour alimenter les réflexions des collègues confrontés aux problèmes d’apprentissage mes notes d’une conférence sur ces problématiques qui sont générales, universelles et intemporelles.

Avec l’évidence que rattraper à 18 ans des lacunes, tant dans les connaissances que dans les méthodes de travail, est très difficile surtout si le « client » ne manifeste pas une réelle volonté par un manque d’attention et de concentration.

La mémorisation est comme l’immunisation : faut une primo injection puis des rappels avec une périodicité bien choisie

L’idéal :

Jour J : le cours ou le TP ou TD

J+1 ; révision personnelle (ou en classe si possible) rapide

J+ 3 à 8 : refaire la chose sous forme d’une interro, exercice, apprendre par cœur etc. par écrit ou oral

J+ 20 à 30 : interro ou devoir (avec révision à la clé)

Cela suffit pour mémoriser pour une période de 6 mois à 1 an

Si  à

J+5à6 mois : interro ou devoir

La mémorisation tient en principe un dizaine d’année

Mais en l’absence de réelle implication du  « client » cela ne marchera pas, a la différence de la vaccination il ne suffit pas de piquer et d’injecter

Bon courage aux valeureux soldat(e)s de l’EN

Alphonse (retraité parti juste à temps si j’en juge par vos écrits !)

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12 décembre

Réflexions passionnantes ! et échanges sur nos pratiques, trucs, astuces, très enrichissants. Je poursuis...

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    Notre inspection a bien raison de nous amener à ne pas juger que sur du par-coeur ; nous profs avons été sélectionnés sur des connaissances académiques et nous reproduisons souvent ce schéma - c'est naturel. Pour autant, l'évolution vers des classes remplies d'élèves ne sachant pas apprendre me perturbe pas mal. Je ne suis pas sûr que cela vienne uniquement de la réforme des STL : car je n'observe pas en BTS d'effondrement particulier des STL par rapport aux autres origines (ST2S, S en ABM ; S, bac pro en QIAB... ça fait un petit panorama). Nos STL sont dans l'air du temps si j'ose dire, ni mieux ni pire. L'intrusion d'autres modes d'acquisition et de manipulation de connaissances dans le développement de nos "djeunes" joue probablement un rôle important. Plusieurs études sérieuses ont démontré que l'usage intensif d'internet modifie en profondeur la capacité de mémorisation y compris pour des vieux ayant appris à l'ancienne (moi par exemple). Les nouveaux médias comme disent les vieux intellectuels ont probablement modifié un peu nos classes aussi... Et la baisse des performances dès l'élémentaire doit bien traduire du retard dans des fondamentaux qui va en s'amplifiant avec les années. Bref..

    En revanche notre tutelle (i.e. : le système éducatif "global" s'il existe, au sein du Ministère) me semble évoluer vers un abaissement global de ce niveau d'exigence qui n'arrange rien au diagnostic précédent... Car au final il faudra quand même apprendre par cœur un jour !

    Je m'imagine mal rester dans un garage où le garagiste irait consulter son ordi quand je lui dis que j'ai une roue qui clac-clac-clac quand je tourne : parce que tout garagiste a un jour appris ce qu'est un cardan, et ce que ça fait comme bruit quand c'est mort. Je ne m'imagine pas ne pas casser la gueule à un médecin qui aurait laissé mourir mon gamin parce qu'il n'aurait pas su identifier que l'éruption galopante apparaissant sous ses yeux est un purpura fulminans : parce que tout bon médecin a appris un jour des tableaux cliniques et des arbres diagnostiques (rassurez-vous amis lecteurs, je n'ai ni gamin au cardan qui claque, ni voiture atteinte de purpura). La vie professionnelle nécessite des tas de connaissances par cœur dans la quasi-totalité des métiers. Un technicien de labo qui ne connait pas la fourchette au moins approximative des valeurs de référence ne peut pas exercer de regard critique sur son résultat - on en arrive à me proposer des VGM de 90L sans sourciller.

    Bref : le milieu professionnel exige des apprentissages par cœur. Les filières sélectives de l'enseignement supérieur exigent du par cœur. Quoi qu'on en pense, si on n'y prépare pas intensément nos élèves alors il faut admettre qu'on entérine leur relégation. Personnellement ce m'est insupportable !!  Les élèves des milieux favorisés, dans les voies royales des lycées prestigieux, continuent de bourriner ainsi, et s'assurent les entrées qui en médecine, qui en droit, qui en CPGE, etc. Qu'on n'en fasse pas l'alpha et l'oméga de nos filières techniques me paraît salvateur. Qu'on y renonce totalement me paraîtrait... dégueulasse, pour tout dire.

Il faut donc et évaluer autre chose et autrement que la seule restitution de connaissance, et systématiquement quand même intégrer une part de restitution forcée et formelle, car "la vie d'après l'exige", tout simplement. Cet équilibre n'est probablement pas si loin devant nous : et c'est une perspective réjouissante, non ? Après tout, il n'est pas très étonnant qu'on ait besoin d'un peu de temps de réglage pour trouver l'équilibre... L'épreuve d'étude de cas en qualité est un super exemple : il y a des définitions / typologie à restituer, des outils à savoir utiliser, des documents à savoir analyser, des créations à produire... tout ça à la fois, et ça marche pas mal !!

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Du coup, ça me fait penser à un autre "machin" qui anime notre tutelle (i.e. : le système éducatif "global" s'il existe, au sein du Ministère) : les compétences. Les compétences sont un formidable outil d'évaluation, indispensable pour nous faire sortir de la seule approche académique qui est souvent la nôtre. Les compétences sont même un indispensable outil de l'évaluation d'aptitudes professionnelles (si, si, je le pense). Néanmoins, les compétences ne sont ni une fin en soi, ni l'outil absolu qu'on voudrait bien nous vendre. D'abord, parce que les compétences me semblent inadaptées à l'évaluation d'apprentissages par cœur "bruts", indispensables donc à certains moments malgré tout, Cf point précédent. Ensuite, parce que l'approche par compétence, à la fin, doit déboucher sur une conclusion unique : compétent, ou pas - comme au permis de conduire, je le répète depuis 10 ans maintenant. Hors, avec le CCF, ou le bac, il faut arriver à une note /20 finale, qui soit rattrapable entre matières... Mais c'est un contresens total avec la signification intime de la compétence, qui est par nature binaire (allez, ternaire si on rajoute un stade psycho-affectif "en cours d'acquisition", parce qu'il ne faut pas décourager Billancourt). Soit on évalue la compétence, et c'est oui ou c'est non, soit on note de 0 à 20 - mais les 2 ensemble n'ont pas de sens si on y réfléchit 5 minutes.

Par ailleurs, les compétences ont été introduites il y a plus de 20 ans en élémentaire - or depuis plus de 20 ans les mesures externes de la performance montrent un affaissement (effondrement ?) des résultats dès l'élémentaire. Je ne dis pas que les compétences en soient la cause : mais objectivement (Cf mesure méthodique) elles n'en sont pas non plus le remède.

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    Belle transition vers le troisième point, un autre "machin" qui anime actuellement notre Ministère, la note... Personnellement, je me fous complètement de mettre des A ou des 20. A la limite, ces dernières années je ne corrige plus du tout au 1/2 point près (sauf à l'examen où je respecte bien sûr le barème) et m'autorise régulièrement un service à la louche (1er semestre de ABM2 en TP de microbio : 15 évaluations, franchement, que change un demi point sur un contrôle là-dedans ?). Donc des A+/A- m'iraient très bien ! (si toutefois on est fait pas un machin avec des grilles à triple entrée comme l'évaluation des compétences s'en rapproche souvent - ha la technocratie d'excel...).

    La note, comme l'approche par compétence, ne change pas vraiment le fond, qui est l'accompagnement. Qu'est-ce qui fait progresser l'élève ? Pas du tout un 06/20 on est d'accord. Mais pas non plus trois feux vert et deux orange. C'est

- d'une part l'envie intime que l'enseignant doit développer, le plaisir de comprendre et d'apprendre (vive les profs de bonne humeur !!),

- d'autre par le dépassement de difficultés personnelles ponctuelles que l'enseignant doit détecter et permettre,

- enfin l'accompagnement "psycho-affectif" quand des élèves sont en souffrance. Jeune prof, j'étais dur, très dur, je le confesse ici : bien trop dur, pensant que cette exigence (qu'on avait eu avec moi) était salvatrice pour bouger les feignants - grave erreur ! J'en ai abimé un ou deux et c'est un regret amer aujourd'hui. Depuis, j'ai appris qu'avec de l'humour et des encouragements on obtenait plus des élèves qu'avec le fouet (mon côté S&M en prend un coup, mais c'est comme ça). Je reste très dur avec les glandeurs qui l'ouvrent pour me faire chier en cours, mais je suis très pondéré et presque tendre (si, si) avec les élèves qui souffrent... en tout cas j'essaye. Au final, je suis chaque promo surpris par 2-3 largués, sur lesquels je n'aurais pas parié un malabar, qui ne baissent pas les bras et réussissent. C'est là ce qui est essentiel : ne pas faire baisser les bras. Le 20 ou le A ou les feux verts ne sont qu'un accessoire de cela.

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Bref... j'ai encore écrit un long baratin (que personne ne lira), au lieu d'aller corriger mes copies (qui s'occupe de ma souffrance à moi ??). Alors que j'aurais pu résumer ma pensée en 2-3 lignes : il faut être exigeant mais drôle et tendre, ne pas se laisser enfermer dans les outils (compétence, notation lettrée ou chiffrée, TICE, etc.) mais piocher à droite et à gauche ce qui fonctionne avec nous et avec les élèves en face de nous au temps t, évaluer "large" (connaissance formelle et autres aptitudes).

C'est pas un peu ce qu'on fait déjà tous, au fond ??

Bon WE ce soir !

Antoine

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12 décembre

Bonjour à tous,

Je m’interroge néanmoins sur le fait qu'internet rende non nécessaire l'apprentissage de savoirs.

Le fait d'établir des connexions neuronales n'est pas le seul argument en faveur de l'apprentissage et de la maîtrise de savoirs : 

L'internet ne pourra jamais pallier ce problème car il est difficile de s'interroger sur des savoirs qu'on ne maîtrisent pas. 

L'absence de culture (scientifique par exemple) rend l'auto-formation beaucoup plus difficile et aléatoire et ne permet pas de sélectionner les sources d'information de façon critique. Comme le dit très justement Alphonse, on ne peut pas connaître à long terme un savoir qu'on n'a pas préalablement appris plusieurs fois.

Pour ma part, j'ai donc du mal à concevoir l'intelligence sans connaissances

Le mot "savoir" serait-il devenu un gros mot ? au profit du mot "compétence" ?
J'ai parfois l’impression que nous passons d'un extrême à l'autre (parfois de façon dogmatique).

Si je prends le référentiel de compétences du BTS ABM en biochimie (qu'on utilise depuis +/- de 6 ans maintenant), je ne nie pas l'apport de l'évaluation par compétences pour l'apprentissage des élèves/étudiants :

- ça clarifie les objectifs de formation,

- ça clarifie l'évaluation (évaluation par contrat de confiance 

- Lire "André ANTIBI" si vous souhaitez)
- c'est un super outil diagnostique pour évaluer les acquis ET la progression de ces acquis, aussi bien pour l'étudiant que pour l'enseignant.

Mais, dans ce référentiel de compétence : pas de savoirs, essentiellement des savoir-faire. Je remarque simplement que l'acquisition de ces savoir-faire est beaucoup plus difficile si on n'en maîtrise pas les principes.
Depuis que j'ai ré-introduis ces savoirs dans les indicateurs d'évaluation des compétences : les progrès des étudiants sont plus rapides.

Prenons un exemple : Dans la compétence "C3.3.3 -  Mettre en œuvre des techniques enzymatiques"

J'ai ajouté comme indicateurs d'évaluation (exemples):

- savoir définir l'activité enzymatique

- savoir définir les unités de l'activité enzymatique

- savoir rappeler en les justifiant, les conditions opératoires d'une détermination d'activité enzymatique

Il est essentiel (à mon sens) de maîtriser et de savoir ces notions pour réaliser correctement un dosage d'activité enzymatique.

Ainsi, l'objectif d'acquérir des savoirs est clairement indiqué. Les étudiants prennent conscience l'importance de ces savoirs.

En est-il de même pour vous ?

Ophélie

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12 décembre

Ophelie a écrit :

Le mot "savoir" serait-il devenu un gros mot ? au profit du mot "compétence" ? (...) J'ai parfois l’impression que nous passons d'un extrême à l'autre (parfois de façon dogmatique). (....) Depuis que j'ai ré-introduit ces savoirs dans les indicateurs d'évaluation des compétences : les progrès des étudiants sont plus rapides.

Je me retrouve beaucoup là-dedans. On bricole des astuces pour faire rentrer la connaissance formelle et forcée (le par-coeur) dans les compétences. Ça frise l'intégrisme (ou le dogme comme le dit Ophélie - le dogme est souvent le préambule de l'intégrisme).

Au lieu de dire que les compétences sont un outil adapté à certains apprentissages, mais que d'autres apprentissages passent par d'autres circuits et nécessitent d'autres outils d'évaluation...

Pensez à un chirurgien virtuose du scalpel qui ne connaîtrait pas l'anatomie...

Pensez à un Sébastien Loeb qui ne connaîtrait pas le code de la route...

Antoine

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12 décembre

Pour alléger la réflexion : sur la page Facebook de l'UPBM 

https://www.facebook.com/upbm.org

petite illustration humoristique de nos échanges...

Antoine

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12 décembre

Mais si Antoine on peut te lire jusqu'au bout et se retrouver dans ton partage d'expérience.

Et même ça fait du bien de savoir que nous sommes nombreux à y croire encore et à bidouiller à notre façon pour faire progresser nos élèves à qui les bien-pensants ont bien savonné la planche !

Merci Antoine !

Christine

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12 décembre

Ophélie écrit :

Le fait d'établir des connexions neuronales n'est pas le seul argument en faveur de l'apprentissage et de la maîtrise de savoirs :

  • ¥L'internet ne pourra jamais pallier ce problème car il est difficile de s'interroger sur des savoirs qu'on ne maîtrise pas.

 Sans connections neuronales bien ciblées l’homme (et la femme) ne sera qu’un mammifère doté de fonctions biologiques de base (nutrition, reproduction …)  correspondants à l’innée, cela pouvait peut-être se concevoir du temps des Cro-magnons (et encore !) mais plus de nos jours.

Vouloir délocaliser les connaissances dans le Cloud où théoriquement n’importe qui peut à tout moment récupérer ce dont il a besoin est une douce illusion

Car s’il suffit de taper un concept dans un moteur de recherche pour obtenir des réponses (10000 ou 100000) comment on fait le trie entre les réponses pertinents et les grosses conneries mis sur le net par des cons ou pire par des « saboteurs » qui veulent justement induire le monde en erreurs.

Au minimum il faut savoir si un site est digne de confiance (ou non)  mais même dans ce cas il peut y avoir des écrits qui relève plus de convictions personnelles ou d’hypothèses que de vérités scientifiques

La vitesse d’évolution des connaissances et des technologies est infiniment supérieure à la vitesse d’adaptation du génome qui préside à la construction du cerveau

Il suffit de prendre l’exemple de l’adaptation à la consommation de lait par des adultes : elle a demandé plusieurs millénaires pour être diffusée largement dans certaines populations et il s’agit d’un caractère monofactoriel

Un éventuelle adaptation des neurones à l’Internet sera multifactorielle ! alors de 10000 ou 100000 ans on sera peut-être directement branché sur le réseau !!!

N’en déplaise à nos pédagogues de pointe va falloir faire comme dans le bon vieux temps si on veut des gens intelligents

Alphonse

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12 décembre

Bonjour,

« Vouloir délocaliser les connaissances dans le Cloud où théoriquement n’importe qui peut à tout moment récupérer ce dont il a besoin est une douce illusion »

J'avoue ne pas comprendre l'affirmation !

Les connaissances sont stockées. Hier nous n'avions que des livres et des diapositives.

Aujourd'hui, on a encore les livres mais ils sont souvent accessibles en ligne et demain peut être seulement en ligne.

Aucune différence pour l'utilisateur, sauf que l'accès à l'information est beaucoup plus simple avec l'ordinateur au point que certaines bibliothèques (Institut Pasteur) ne contiennent que de vieux bouquins et des ordinateurs.

Qu'ensuite il faille un peu de sens critique à la lecture des données issues d'internet n'est pas original. C'était déjà le cas sur les livres ou les revues comme l'Opéron… (pensons au temps qu'il a fallu pour que la théorie chimio-osmotique de Mittchell apparaissent dans les ouvrages).

Jean-Noël

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12 décembre

Conférence sur l'évaluation : Le ministère affiche sa volonté de changement 

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2014/12/12122014Article635539672026848802.aspx

La première journée de la conférence sur l’évaluation résumée dans l’espresso du  Café Pédagoqiue de ce matin avec entre autre l’intervention de Florence Rabine Directrice actuelle de la DGESCO qui a ouvert la conférence en faisant allusion  au livret personnel de compétences:

« … il faut éviter les usines à gaz dont les équipes ne peuvent s’emparer »

 

Suite aujourd’hui

Jean-Paul

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12 décembre

Trouvé sur le site consacré à la conférence sur l'évaluation:

"Pour élaborer ses recommandations, le Jury s’appuie sur les travaux et expertises de chercheurs et d’acteurs de terrain spécialistes de l’évaluation, ainsi que sur les avis des représentants de la communauté éducative (syndicats, associations de parents…)"

Je me suis dit  qu'on pouvait peut être imaginer quelques enseignants dans ce dispositif: ils sont quand même parmi les plus compétents pour en parler! Mais oui bien sûr: il sont 8 dans le jury  (de 30 personnes), "équilibrés" par... 9 parents d'élèves (pourquoi 9?), plus des élèves et des étudiants...

En début de semaine sur france inter, une des expertes sollicitées, sociologue  (et docimologue puisque c'est le  mot tendance) s'exprimait sur la conférence à venir comme si la notation n'existait déjà plus.

J'ai vaguement l'impression que le rapport à venir est déjà écrit!

Bienveillant weekend à tous.

Philippe

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13 décembre

Bonjour,

Juste quelques éléments complémentaires à ce message qui me semble tronqué par une lecture sélective du  site consacré à l'évaluation.

- Le jury de 30 personnes est également constitué de 2 chefs d'établissement, 4 inspecteurs (IEN et IPR) +1 responsable académique des services de l'orientation. Avec les 8 enseignants, il me semble que cela fait 15 experts de ce sujet. Dans cette approche, les 9 parents deviennent minoritaires mais n'oublions pas aussi que les experts peuvent être souvent parents !..

- La presse et les médias ont  voulu faire du bruit, comme souvent ils ont cherché un axe polémique qui n'est absolument pas le cœur du sujet : cette conférence a été présentée comme un débat sur la suppression des notes.

J'ose croire que les professionnels qui lisent ces messages vont chercher l'information à sa source. L'objectif de la conférence était de construire du consensus, ce qui nécessite d'échanger, d'informer et de débattre pour que les représentations individuelles évoluent dans une société qui change profondément.

Chacun d'entre vous a pu s'inscrire très librement:

- pour être membre de ce jury

- pour écrire une contribution

- pour assister à la conférence

Je peux vous assurer de la richesse des échanges qui étaient intégralement retransmis en toute transparence (en texte et en images) et vous inviter à prendre votre place dans ce débat, au delà de la liste UPBM !

Bonne fin d'année à tous

Claudine

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12 décembre

Pour les collègues de l’académie de Nantes des conférences organisées par le CREN:

En convention avec le Rectorat de l'Académie de Nantes, le CREN organise une série de conférences durant lesquelles seront présentés les derniers travaux des chercheurs du laboratoire sous un format susceptible d'intéresser un large public. Destinées aux personnels d'encadrement, elles sont également ouvertes aux étudiants et aux personnels de l'Education nationale. Chaque conférence est suivie d'un débat avec les participants.

http://www.cren.univ-nantes.fr/76869959/0/fiche___pagelibre/&RH=1330678200697&RF=1389276915118

par exemple:

Lundi 27 avril 2015, 13h30-15h, Lycée Aristide-Briand, St-Nazaire : Bac -3 à Bac +3, accompagnement et orientation des bacheliers professionnels et technologiques (Vincent Troger)

  • Mercredi 29 avril 2015, 14h-16h, ESPé Angers : Apprendre les sciences autrement : comment gérer des démarches d'investigation pour faire problématiser et conceptualiser les élèves (Grégory Munoz et Olivier Villeret)

Jean-Paul

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12 décembre

Faisons également de la pub pour les conférences de l'académie de Créteil :-)

Les "mercredi de Créteil" mettent en ligne les conférences de l'année sur leur site.

En ce qui concerne l'évaluation, André ANTIBI est venu faire une conférence sur "La constante macabre : vers une évaluation par contrat de confiance", visionable sur le site suivant :

http://www.ac-creteil.fr/enseignements-mercredisdecreteil-videospouruneecolebienveillante.html

Vidéo d'1h20 qui pourrait révolutionner votre façon de voir l'évaluation.

Et bien d'autres conférences en ligne...

Sophie

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13 décembre

Bonjour

les cartes mentales sont aussi interessantes pour tous les jeunes en difficultes de troubles dys, de plus en plus nombreux.Si qq pouvez nous aider a mieux comprendre comment faire, article dans opéron?

merci

Carole

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13 décembre

Bonjour,

On peut trouver bien sûr des cartes mentales en biologie sur internet, mais avec l'idée qu'il est préférable que les élèves (quelque soit leur niveau je pense) commencent avec du papier et des crayons de différentes couleurs...avant d'utiliser des logiciels dédiés (ex : freemind, Xmind) pour le processus d'apprentissage.

Voilà ce que propose un enseignant de SVT à des élèves de troisième (images jointes en fin de message)

http://svtcol.free.fr/spip.php?article541

https://docs.google.com/presentation/d/1aEULCP2eNYJf0xhuxxoDbceXv263XDiX_S43MCn0rGA/present#slide=id.i0

Autre sujet : après avoir visionné la vidéo postée par Sylvain André, et conseillée par Antoine  " This will Revolutionize Education" (sur Vertasium, chaîne éducative sur Youtube) https://www.youtube.com/watch?v=GEmuEWjHr5c&feature=share

je souhaitais souligner ces éléments de réflexion (en gros, la technologie ne va pas révolutionner l'éducation, mais simplement la faire évoluer)... qui nous rappelle évidemment le fondement de notre travail, même si on exige du "par coeur", et que l'on soit pour les MOOC ou pas :-) :

"Le rôle fondamental d’un enseignant n’est pas de fournir l’information, il est de guider le processus social d’apprentissage.

Le travail d’un enseignant est de motiver, d’intéresser les étudiants. Oui, il explique et démontre et montre des choses, mais en réalité ce n’est pas son but.,Le rôle le plus important d’un enseignant, c’est de faire en sorte que chaque étudiant se sente important, pour qu’il se sente responsable de faire le travail d’apprendre.… les fondements de l’éducation sont toujours l’intéraction sociale entre enseignants et étudiants.

Aussi avancée que chaque nouvelle technologie semble être, comme les vidéos ou les ordinateurs,ou les tableaux interactifs, ce qui est vraiment important c’est ce qui se passe dans la tête de l’étudiant. Et faire réfléchir un étudiant s’obtient de façon optimale dans un contexte social avec d’autres étudiants et un enseignant attentionné"

[SVT 3] Réviser en réalisant des schémas heuristiques ou cartes mentales.

Amicalement,

Wilfrid

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13 décembre

Wilfrid a écrit :

Aussi avancée que chaque nouvelle technologie semble être, comme les vidéos ou les ordinateurs, ou les tableaux interactifs, ce qui est vraiment important c’est ce qui se passe dans la tête de l’étudiant.

Ceux qui ont eu le courage de parcourir la PJ à un mail précédent et en particulier le tableau final auront retenu qu’il faut de l’attention et de la concentration de la part de « l’apprenant » pour que le processus d’apprentissage ait une chance de succès et cela se passe bien dans la tête de l’élève (on pourrait  imaginer faire des injections d’adrénaline et de cortisol au bon moment au cous de l’apprentissage !!! à défaut de pouvoir encore piquer des souris … !)

Le rôle du prof est donc bien de « captiver » (au sens premier = capture) les élèves afin qu’ils jouent le jeu et n’aient pas la tête ailleurs (en train de taper un SMS sous la table…)

Mais il y a un autre facteur très important pour l’assimilation de connaissances ou de notions nouvelles qui correspond dans le schéma à la petite flèche : recherche dans la mémoire à long terme

Pour assimiler facilement une notion, le cerveau cherche avant tout à la raccrocher à des choses déjà connues et crée ainsi des associations (plus ou moins pertinentes en fonction du vécu de l’élève, ainsi ceux qui ont un passé assez riche seront favorisés par rapport à ceux qui sont culturellement pauvres = fossé entre enfants de cadre et enfants d’ouvriers (bien qu’il ne faille pas généraliser)

L’un des rôles fondamentaux du prof est de susciter de telles associations qui ne viennent pas spontanément à l’esprit surtout pour des notions abstraites ou complexes

Exemple : la notion de couplage spécifique Ag-AC = clé avec sa serrure (en montrant physiquement sur la porte de la salle de cours que seule une clé bien définie rentre dans la serrure parce qu’elle a le profil adéquat)

Meilleure sera l’association proposée par le prof meilleure sera l’acquisition de la notion par l’élève

Alphonse

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13 décembre

La présentation des programmes du BTS BioAc, dans l'exemple d'Ophélie, est trompeuse et n'exclut pas les savoirs associés.

Il serait évidemment plus simple que soient écrits clairement les savoirs nécessaires. Ce ne serait qu'un retour aux anciens programmes.

Il me semble toutefois qu'il ne faut pas se braquer sur les savoirs et l'apprendre par cœur. Que des connaissances soient nécessaires est clairement exprimé par les différents intervenants et c'est juste. Mais l'éducation ce n'est pas simplement répéter religieusement des connaissances, mais 

  • comprendre les liens,
  • faire les associations nécessaires dans les différentes approches,
  • développer l'esprit critique (ce qui manque le plus),
  • réinvestir une approche d'une discipline dans une autre,
  • savoir réagir face à une situation connue ou inconnue,
  • savoir-faire une opération technique,…
  • et bien d'autres choses !

Un exemple du danger du par coeur

Quand on voit de nombreux collègues estimer important de connaitre par cœur "la" définition des Entérobactéries, on touche du doigt, me semble-t-il, une approche extrêmement dangereuse de la taxonomie "actuelle". Se raccrocher à une "connaissance" est manifestement rassurant, et en tout cas plus que de dire qu'on ne peut pas réellement définir la famille sur les critères adoptés : que doit-on faire ? Soit on en reste à une vision ancienne de la taxonomie, soit on se dirige vers les concepts modernes en introduisant l'idée que la science ne fixe pas les choses dans des savoirs inébranlables. 

Les conséquences d'une approche relative des savoirs sont fondamentales par les conséquences sur les autres savoirs, de toutes disciplines d'ailleurs. Dans un tel cadre, si l'on fixe comme "compétence" connaitre "la définition de la famille des…", on commet une erreur grave. 

Il me semble que l'approche par compétences pêche parce qu'elle n'est pas conçue de façon logique : les compétences sont globales. On ne peut donc parler de compétence pour des connaissances de type "la définition de la famille des…", ou "listes des affluents de la Garonne". Quant à associer une compétence à une note, c'est, comme le dit Antoine, une grande imbécilité (1).

l'auto-observation est-elle objective ?

Méfions nous de notre ressenti : nous pouvons avoir l'impression de progrès de nos apprenants avec la nouvelle méthode utilisée mais comment juger quand on est partie prenante ? Le principe de base, issu d'autres disciplines, c'est  "on ne peut être juge et partie".

Problème du primaire

L'évolution de notre système éducatif a été marquée, au niveau primaire, par l'abandon des Écoles normales d'instituteurs/trices. Aujourd'hui, on devient instit (enfin prof des écoles) après cinq ans d'études (contre 2 dans les années 1970) mais pas par choix initial (fait en 3ème "de mon temps") mais le plus souvent parce qu'il faut bien manger. Ajoutons que la formation universitaire suivie est très spécialisée et sans aucun rapport avec les deux années de formation professionnelle d'antan !

Peut-on pour autant dire que nos profs des écoles d'aujourd'hui sont "mauvais"… Pas facile de le savoir.

Problème de la langue

La langue française et son apprentissage sont certainement un des gros problèmes de notre enseignement dans un cadre devenu beaucoup moins rigoureux qu'antan. La langue est difficile et nécessite un apprentissage très long normalement fait au primaire, avec rigueur et exigence. Le conservatisme majeur de ceux qui ont appris conduit au maintien dans la langue de nombreuses incohérences qui, même quand les corrections limitées sont validées par l'académie française, ne sont pas appliquées (weekend, charriot, événement …). Seuls petits problèmes : le temps consacré à l'apprentissage est devenu plus limité, les profs des écoles souvent très incompétents en langue (en particulier pour l'orthographe) comme d'ailleurs les autres professeurs. On ne pourra pas se passer d'une réflexion sur les simplifications nécessaires comme le font les anglais ou les allemands. Elles risquent d'ailleurs de venir toutes seules !

Mais si l'orthographe pose problème, il en est de même de la syntaxe. Il est courant d'expliquer, y compris à de futurs professeurs, qu'une phrase peut être relue, construite selon un modèle simple (sujet verbe complément par exemple). Bac STL ou S…

Il me semble donc que notre système actuel veut fuir la difficulté, évacuer les choses trop compliquées (programmation informatique, géométrie…), et faire que tous aient un diplôme sans valeur. On le retrouve dans l'uniformité des cursus au collège : un socle commun, quelle bêtise ! 

Bonne lecture !!! 

Jean-Noël

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13 décembre

Merci à tous pour ces échanges très intéressants.

Claire

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13 décembre

Pour revenir à la question initiale de Claire, et en particulier dans le contexte qu'elle évoque, je pense que toutes les techniques dites de rétroaction en classe (TRC) pourraient être intéressantes à explorer... de l'interrogation des élèves dans un cadre de cours-TD (que nous pratiquons et qui ne fonctionne pas si mal après tout), à la réalisation de cartes mentales, et d'autres techniques pour sonder les connaissances, savoir-faire et même savoir-être...et qui peuvent faire appel à des outils numériques :-), clairement indissociables en tant qu'outils dans l'évolution des enseignements.

Un lien vers une "formation donnée au LearningLab de l'Ecole Centrale de Lyon et de EM-Lyon le 19 Juin 2014.  Les dias incluent certains résultats de l'application de ces techniques en séance (faire ce qu'on dit qu'il faut faire). Cette présentation s'appuie sur de nombreuses présentations et documents antérieurs réalisés à l'IPM (Université Catholique de Louvain) .ainsi que par le BAP (Lina Forest) de Polytechnique (Université de Montréal) et sur d'autres exemples cités dans le diapo." 

http://fr.slideshare.net/lebrun/dynamisez-vos-cours-magistraux-laide-des-techniques-de-rtroaction-trc-techniques-de-rtroaction-en-classe-ou-cat-classroom-assessment-techniques

Amicalement,

Wilfrid

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13 décembre

Bonjour,

Ci joint 2 exemples de carte.

Les miennes sont en A4 donc beaucoup moins aérées que celles des élèves en format A3.

Les leurs sont également plus colorées ce qui permet d'améliorer la mémorisation…

Bon we

Marie-Laure

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14 décembre

Bonjour à tous,

Il me semble que nous sommes confrontés à un changement majeur de notre société et que ce que nous évoquons ne sont que des effets collatéraux.

Après avoir connu l'ère de la mécanisation qui peu à peu a remplacé tout le travail physique, nous connaissons l'ère de l'informatisation qui rend les savoirs personnels beaucoup moins performants que l'utilisation de l'ordinateur. Prenons l'exemple du médecin choisi par Antoine : je pense que le meilleur médecin aujourd'hui est celui qui utilise un logiciel informatique pour fonder son diagnostic. Grâce à l'informatique, il dispose des connaissances actualisées de tous les experts mondiaux. Lorsqu'on sait qu'un médecin n'actualise ses connaissances qu'au travers des visiteurs médicaux trop occupé qu'il est par ses consultations, on en mesure tout l'intérêt. Il en va de même dans de plus en plus de professions à commencer par celle de laborantin dont nous parlions. Les savoirs nécessaires ne sont plus dans la tête des opérateurs mais dans l'ordinateur qui pilote l'automate.On gagne en efficacité et c'est toujours cela qui l'emporte. Le métier de professeur n'y échappera pas : tôt ou tard, seront formés des comités d'experts qui réaliseront les cours /TD/TP que chaque collègue recevra en ligne et devra mettre en application. Le niveau moyen des cours s'en trouvera amélioré et le principe d'égalité de l'école de la république aussi. L'école primaire suisse fonctionne déjà sur ce principe.

Bien sûr, il y aura des revers à tout cela. L'agriculteur qui retournait son champs derrière sa charrue ignorait l'obésité et toutes les maladies de civilisation (diabète, MCV, cancers,...). Maintenant, il passe douze heures par jour dans son tracteur climatisé et connecté à retourner ses hectares de terre. De toute façon il n'a pas le choix vu les traites qu'il doit au crédit agricole....Peut-être prendra-t-il le temps d'aller faire un peu de sport pour apporter à son organisme la dépense énergétique qui lui est nécessaire.

Comme l'activité physique , l'activité cognitive nous est indispensable et c'est bien ce que chacun de vous exprime. Mais la société n'en a plus besoin (sauf pour une élite de concepteurs de plus en plus performants et minoritaires). Nous connaîtrons de nouvelles maladies, comment les appellerons nous "maladies de numérisation" ? Après les invitations à bouger notre corps vont s'ajouter celles à bouger notre esprit. 

Pour nous enseignants, le challenge est double : 

- en tant que professeur nous devons préparer nos élèves en privilégiant les savoirs être et les savoirs faire. Et ce n'est pas simple parce que nous n'avons pas été formés pour cela

- notre métier lui aussi va changer : nous devrons moins être des spécialistes disciplinaires que des pédagogues et là aussi tout n'est pas encore clair. Pour l'instant, les exigences pour l'admissibilités au CAPET comme à l'agrégation restent disciplinaires. Bien sûr, la pédagogie est prise en compte pour l'admission. Mais avant d'être admis il faut être admissible et donc fort dans sa spécialité...Ne soyons alors pas surpris de sélectionner un profil d'enseignants axé sur le savoir. On retrouve la même contradiction au niveau de la notation : on veut supprimer les notes mais l'on s'inquiète du classement PISA de la France et pour réussir un concours, voie d'entrée à l'Education Nationale, c'est bien la note qui est déterminante.

Nous avons la chance de vivre une période de mutation. Bien sûr cela ne va pas sans peine ni sans heurts mais c'est cela qui nous fait progresser. Essayons de montrer le chemin en nous montrant capables de nous changer nous-mêmes.

Amicalement

Jean-Louis

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14 décembre

Bonjour,

Il me semble que la vision du prof répétiteur de la divine parole de quelques experts se heurtera très vite à l'impossibilité de recruter ces répétiteurs et surtout, pour ceux qui le feront, à une perte de compétences telles qu'ils ne pourront même pas répéter. Il y a une étape de digestion incontournable.

On retrouve le même type de problème avec les Mooc : les superprofs vont imposer leur supercours à tous dans le monde et évidemment en anglais. Cette vision est peut être l'avenir, mais se heurtera aux mêmes types de pb.

N'oublions pas que les apprenants ne seront toujours que des femmes et des hommes et que la transmission des savoirs et savoirs-faire(1) passe par un rapport HUMAIN. La machine apporte de nombreux avantages mais ne fait pas tout, pour l'instant. Elle aura beaucoup de peine à construire nos réseaux neuronaux. Il faudra aussi la coupler à un générateur coup de pied aux fesses !

N'oublions pas non plus qu'il est des situations où il faut réagir vite, sans avoir accès à l'ordinateur : comment dirons nous si nous n'avons plus de mémoire ?

Bon weekend,

Jean-Noël

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14 décembre

Je ne suis pas vraiment d’accord avec cette idée que peu à peu il ne sera plus nécessaire à une majorité de la population de ne plus rien connaitre (savoirs acquis) pour exercer un métier.

L’informatique est là pour aider, pour améliorer, non pour remplacer.

C’est exactement ce que dit Jean-Noël, il y a juste une évolution du support des savoirs ; mais cela reste un support.

Alors certes, on a un rapport à ce support qui peut évoluer : avant le savoir se transmettait exclusivement oralement, il était donc parfois nécessaire de faire des kilomètres pour accéder au savoir ; puis les livres et les bibliothèques multiples ont permis d’offrir un accès au savoir, à tous, dans leur ville ;

Enfin, il y a l’informatique et internet. Tout le monde en convient, internet équivaut à une grande bibliothèque de mauvaise, moyenne et grande qualité. La différence est que cette fois ci, le savoir est accessible quasiment par tous, et quasiment de partout. Ainsi, on se dit : puisque le savoir est accessible à tout moment, rien ne sert d’apprendre quoique ce soit…

C’est évidemment ridicule et faux.

Pour autant, peut-être est-ce sur cette dernière notion qu’il y aurait débat ?

Je reprends l’exemple donné précédemment du docteur qui consulterait constamment son ordinateur pour faire un diagnostic, mais on pourrait tout aussi bien parler du garagiste ou du plombier, du cuisinier, du jardiner… et aussi de l’enseignant.

Ce serait complètement aberrent de ne rien connaitre, de n’avoir intégrer aucune notion complexe sur son propre métier. Or pour intégrer une notion complexe, il est indispensable d’avoir les connaissances de base !!!

Parlons justement de l’enseignant. Quand «  j’enseigne » l’informatique à mes étudiants, je leur raconte cette révolution informatique dans l’enseignement : - avant nous faisions des copies au stencil, puis il y a eu l’ordinateur et l’imprimante ; - avant nous utilisions essentiellement des livres pour préparer nos cours, de nos jours internet nous permet d’accéder à beaucoup plus d’information qu’il nous faut trier.

L’étudiant réveillé me dit : « Mais puisque le contenu de vos cours se trouve sur internet (grande bibliothèque de tous les savoirs), pourquoi est-ce qu’on vient en cours ?

Je leur explique que la majorité des enseignants ne sont pas des supers génies, des inventeurs qui enseigneraient leurs découvertes. Je leur explique que les anciens enseignants ont toujours eu besoin de livres pour construire leur cours, tout ne venait pas de leur mémoire. Par conséquent, aujourd’hui c’est pareil… ou presque : la seule (grande) différence est que ce savoir est beaucoup plus accessible… y compris  pour les apprenants !

Est-ce donc la fin de notre métier : « le passeur de savoir » ?

Bien sûr que non !!

Donnez-moi accès à un ordinateur qui contienne tout le savoir nécessaire pour être un bon garagiste… Jamais je n’y arriverai !

Et c’est pareil pour nos étudiants… enfin surtout ceux d’aujourd’hui. Personnellement, lorsque j’étais étudiant à la fac, beaucoup d’entre nous refaisaient leurs cours en bibliothèque. Les enseignants du supérieur ne servent à rien ? Si bien sûr : ils permettent de savoir ce qui est essentiel à comprendre et permettent d’orienter, voire d’expliquer les notions les plus complexes.

Les jeunes générations actuelles auraient elles changé ?

Si je devais peindre le plus sombre tableau représentant nos étudiants, il serait ainsi :

Ils me semblent qu’ils sont plus attentistes. Ils ont l’habitude que tout leur soit accessible, toujours plus rapidement, … ils sont par conséquent souvent adepte du moindre effort (d’ailleurs pour eux c’est une qualité !… ne leur a-t-on pas constamment appris que les bactéries sont devenues plus performantes en faisant des économies de matière et d’énergie).

De plus, le progrès (technique, technologique…) aujourd’hui tend résolument vers plus de confort et de facilité : ces jeunes sont donc « dans le vent » du progrès.

A tout ceci, s’oppose « la valeur travail »..

Oouuh, le vilain mot !!

Aurais-je franchi la ligne du politiquement correct ?

Car personnellement, ce n’est pas l’éducation que je veux donner à mes enfants, celle qui dit qu’il n’y a plus besoin d’apprendre pour être compétent.

L’informatique est donc un support évolué du savoir.  Mais c’est bien plus que cela, c’est aussi de multiples outils aux portées pédagogiques dont les frontières sont encore floues.

Les possibilités sont tellement vastes que cela prendra beaucoup de temps à ceux qui tenteront leur utilisation pour défricher le bon de l’inutile.

Mais rien ne vaut l’expérience pour ce faire une idée concrète.

Alors personnellement, je suis d’accord avec Ophélie quand elle dit que l’apport de l’outil « compétences » dans nos sections est très enrichissant, et je suis aussi d’accord lorsqu’elle propose de rajouter dans ces compétences l’acquisition de certains savoirs !

Et je suis parfaitement d’accord avec Antoine quand il dit que c’est « dégueulasse » cette éducation à deux vitesses où la majorité des apprenants auraient essentiellement le droit aux compétences tandis que les autres se réserveraient aussi le savoir (savoir, c’est pouvoir ?).

Car après tout, une entité qui ne sait utiliser qu’un programme informatique pour réaliser une simple tache, cette entité peut tout aussi bien être ou être remplacé par un robot.

Le progrès n’est pas censé annihiler l’homme, mais l’accompagner dans son développement.

David

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14 décembre

Bonsoir à tous

...Retraitée, mais prenant toujours plaisir à suivre vos débats, comme M.Jourdain je faisais des cartes mentales ou heuristiques sans le savoir...depuis mes années d'apprentissage..! 

Pour passer le bac D (1969) puis pour préparer les concours j'ai toujours fait des "fiches"... avec mes mots, mes propres schémas, mes couleurs et donc utilisables uniquement par moi car je les avais construites!

Je suis entièrement d'accord avec l'analyse de l'intervenant de "This will revolutionize education" et avec les phrases extraites par Wilfrid. 

Donner envie d'apprendre... sans oublier que chaque apprenant a ses propres constructions mentales... Du pain sur la planche, le professeur sera toujours un passeur de savoirs, irremplaçable. La machine (radio, TV, ordi,...) ne sera qu'un des outils.

Bientôt les vacances... Bonnes fêtes de fin d'année à tous.

Nicole 

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14 décembre

Bonjour,

Vous trouverez un article en pièce jointe sur la scolarité des enfants de cadres de Apple ou Google et le rapport à l’informatique…

http://www.vousnousils.fr/2012/02/28/pas-dordi-a-lecole-pour-les-enfants-des-cadres-de-google-ou-debay-522349

Nathalie